Tilleul

Tilia Tilleul

Les inflorescences de T. cordata, le tilleul à petites feuilles, entrent dans la préparation d’infusions. On récolte par temps sec, au début de la floraison, en juin-juillet, en coupant à l’aide d’un échenilloir les petites branches fleuries qui tombent dans une toile tendue sous l’arbre. Pour le séchage, étaler en couche mince dans un lieu ombragé et aéré.

À température artificielle, elle doit être d’environ 40 °C. Séchées, les fleurs ont une odeur de miel. Le goût des infusions est douceâtre et mucilagineux. La composition chimique fait état de la présence d’une huile essentielle (0,02 %), dont on a isolé le farnésol, de mucilage et de flavoglucosides. Il s’emploie, en usage interne, en infusion, pour combattre les affections dues au refroidissement, les engorgements des voies respiratoires et la toux. Il a des qualités antispasmodiques et antiglaireuses, et sert comme sudorifique pour la grippe. Il aide aussi à lutter contre les maladies urinaires. Il peut être utilisé comme stomachique, ou comme tisane calmante.

En usage externe, les fleurs servent pour les gargarismes et les bains, les feuilles, en lotions émollientes. L’aubier, découpé en minces lanières, a la réputation de guérir les rhumatismes. En pharmacie, on admet aussi les fleurs de T. platyphyllos, le tilleul de Hollande, ou Tilleul à grandes feuilles. Le bois du tilleul, très tendre, convient à la sculpture. Le miel de tilleul a une saveur très agréable. Le tilleul est un arbre ornemental de grande valeur.
Famille des Tiliacées Exposition :
Type : arbre Origine : zones tempérées
de l’hémisphère Nord

Écorce de Tilia cordata

 

Feuille de Tilia cordata

Caractéristiques :

Arbre de taille moyenne, à feuilles caduques en forme de cœur pointu, et à fleurs jaunâtres très odorantes réunies en bouquets accolés à une bractée membraneuse.
Les quelque trente espèces du genre sont des arbres, plus rarement des arbustes. Ils présentent des feuilles alternes caduques, portées sur un mince pétiole, très souvent cordées et à bords dentés, lisses, à texture fine et de la grosseur de la paume d’une main de femme. Les fleurs, jaunâtres ou blanchâtres, très odorantes, attirent, au moment de leur épanouissement, les hyménoptères mellifères. Elles apparaissent groupées en cymes retombantes et portées sur des pédoncules, fréquemment accolés sur la moitié de leur longueur, prenant naissance dans une large bractée. Cette bractée, semblable aux samares des platanes, tombe avec les fruits mûrs, à l’aspect de petites noix côtelées, dans un vol automnal vrillé. En plus de leur statut de plante mellifère et médicinale renommée (car on prépare avec les inflorescences des infusions parfumées et calmantes), les tilleuls sont, depuis le xviie siècle, des arbres d’ornement très prisés. Leur port vertical, rectiligne et peu étalé, fait que l’arbre adopte rapidement l’allure d’une tour. Cette régularité leur a valu d’être plantés abondamment le long des avenues, et ils ne rivalisent en cela qu’avec les platanes.

Tilia petiolaris

Espèces et variétés :

Tilia americana, (ou T. glabra), le tilleul américain, pousse dans le centre et l’est des États-Unis. À l’état sauvage, il atteint 40 m de haut, mais il est un peu plus petit en culture. Il fut introduit en Europe au milieu du xviiie siècle. Cette espèce réussit bien dans les terrains humides. Ce tilleul porte de grandes feuilles lisses et glabres d’un vert foncé ; il fleurit fin juin.
T. cordata, ou T. ulmifolia, le tilleul à petites feuilles, espèce indigène répandue dans toute l’Europe, de la plaine jusqu’à l’étage montagnard, porte aussi les noms de charme noir, tillot, tillet ou tilier. Assez peu planté.
T. platyphyllos, est une autre espèce indigène tout aussi digne d’intérêt. Il atteint 30 m de haut et prospère mieux que lui dans les sols siliceux. Il présente des rameaux glabres et un feuillage cordiforme, foncé dessus, lisse parfois au point de se lustrer, et glauque dessous. Sa couronne est tantôt resserrée, tantôt étalée, et, avec les ans, son écorce se ride et se gerce comme celle des vieux chênes rouvres. Les fleurs, blanc jaunâtre, viennent en juin-juillet. En culture, il perd souvent ses feuilles de façon précoce, surtout s’il pousse dans des lieux manquant d’humidité.
Il existe plusieurs variétés. Citons : ‘Glenleven’, à feuilles plus grandes que celles du type, et à première croissance plus rapide ; ‘Greenspire’, aux branches érigées formant une couronne semblable à une houppe ovoïde étroite, comme un clocher vert ; ‘Rancho’, à la couronne conique ; ‘Swedish upright’, abondamment planté.
Tilia platyphyllos, (ou T. grandiflora), le tilleul à grandes feuilles, appelé aussi tilleul de Hollande, est l’espèce la plus répandue en Europe, dans les parcs et sur les places des villages. Il pousse spontanément en Europe centrale et méridionale et en France, dans les étages collinéen et montagnard inférieur, spécialement sur les plateaux du Nord-Est. Il atteint couramment 35 à 40 m de haut. L’écorce de son tronc ressemble à celle de T. cordata, mais il porte des pousses nouvelles pubescentes (alors qu’elles sont glabres chez T. cordata). Il présente de grandes feuilles orbiculaires, plus ou moins cordiformes, brusquement acuminées, vert vif dessus au ton adouci et velouté dessous. Le bord du limbe est marginé de dents aiguës et régulières. Dès la deuxième quinzaine de juin, les fleurs, à longues bractées et étamines apparentes, apparaissent généralement groupées par trois.
Il existe plusieurs variétés de cette belle espèce : aspleniifolia, variété mutante de T. platyphyllos variété ‘Laciniata’ aux lobes des feuilles régulièrement étroits (alors qu’ils sont irréguliers, arrondis ou frisés chez ‘Laciniata’) ; ‘Aurea’, à ramules dorées virant au vert olive jusqu’au printemps suivant ; corallina, à rameaux rouge vif, ainsi que ‘Rubra’, souvent cultivé en haie, très agréable à regarder en hiver ; ‘Cucullata’, à feuilles aux bords inférieurs soudés à la manière de petites coupes ; ‘Fastigiata’ (ou ‘Pyramidalis’), à branches érigées formant une couronne pyramidale étroite. Les variétés ‘Le Bénivet’ et ‘Le Vone’, formant des cymes de fleurs très fournies, intéressent particulièrement les apiculteurs.
Tilia tomentosa, ou Tilia alba, ou Tilia argentea, le tilleul argenté, moins haut que le précédent mais cependant impressionnant avec sa couronne pyramidale, charme le regard par son branchage altier et son feuillage frémissant blanc argenté. Spontané en Europe du Sud-Est et en Asie Mineure, il développe un tronc de 30 m de haut. Son odorante floraison se produit en juin-juillet. On cultive la variété ‘Brabant’, à large couronne et à tronc gris céruse. Cette espèce résiste mieux à la sécheresse et à l’atmosphère des villes que les précédentes.
Tilia petiolaris, le tilleul argenté pleureur, spontané dans les mêmes zones que l’espèce précédente a un port plus irrégulier et des feuilles plus longuement pétiolées. Malgré son nom, c’est un semi-pleureur, et non un pleureur.

• Espèces étrangères
T. henryana, de Chine centrale, petite espèce au feuillage velouté, remarquable par ses fleurs, groupées par vingt dans les cymes.
T. mandshurica, le tilleul de Mandchourie, au feuillage à dents très longues, aux pousses et aux ramifications tomenteuses.
T. maximovicziana, du Japon, à feuilles mucronées et aux cymes généreuses, dont les fleurs donnent une très bonne tisane.
T. miqueliana, de Chine orientale, très cultivé au Japon, aux feuilles vert foncé dessus, grises et tomenteuses dessous, tombant tard dans l’automne.
T. mongolica, originaire de Chine et de Mongolie, nommé tilleul à feuilles de vigne, en raison de son feuillage caractéristique, rouge quand il est jeune.

• Hybrides
Tilia x europæa, hybride de T. cordata et T. platyphyllos occupe une place de choix. Ce tilleul commun cultivé depuis fort longtemps est souvent subspontané. Sont surtout cultivées ses variétés : ‘Pallida’, à grandes feuilles au revers variant du jaune au vert bleuté ; ‘Wratislaviensis’, de même port que le précédent, dont les pousses et les feuilles fraîches sont jaunes ; ‘Zwarte Linde’, au feuillage et aux ramilles sombres.
T. x euchlora (hybride de T. cordata et T. dasystyla), arbre à très beau port, présente des branches secondaires de dessous retombantes très longues et un feuillage d’un beau vert fin, plus pâle au revers, résistant aux pucerons. Ses fleurs jaunâtres, aux longues bractées pédonculaires, qui viennent en juillet, ont la réputation d’avoir un pollen à effet narcotique sur les abeilles.
T. x moltkei, hybride de T. americana et T. petiolaris, a un port retombant moins prononcé que T. petiolaris, et les feuilles de son parent américain, d’un gris tomenteux au revers.
T. x orbicularis, hybride de T. petiolaris et de T. euchlora, présente des branches pendantes, et des feuilles lustrées sur la face supérieure, grises sur la face inférieure.

Culture :

Les tilleuls, arbres bien rustiques, aiment les sols fertiles, profonds et frais, bien drainés. Ils supportent les sols légèrement calcaires, mais un terrain trop acide les rebute. Ils craignent l’aridité de l’air et sont exigeants en humidité atmosphérique : les étés trop brûlants peuvent détériorer leurs frondaisons, hormis chez les espèces dont le limbe des feuilles est recouvert d’un tomentum qui les protège d’une trop grande évaporation par transpiration, comme T. tomentosa, T. petiolaris et T. x moltkei. Ce sont des espèces résistantes au froid, et plutôt des essences d’ombrage ou de semi-ombrage, à croissance généralement rapide.
Les tilleuls supportent bien la taille, même répétée. Ils peuvent constituer des rideaux de verdure ou des berceaux, à tailler tous les deux ans, de préférence au croissant. T. x europæa, le tilleul commun (hybride entre T. platyphyllos et T. cordata, les deux tilleuls européens), est le plus couramment utilisé à cet effet. Cet arbre, très vigoureux comme beaucoup d’hybrides, a néanmoins un inconvénient : il drageonne parfois de manière exubérante. Les drageons jaillissent tout autour du pied, entrant alors en concurrence avec la couronne de l’arbre. Il se forme par la suite de grosses boules hérissées de pousses sur le tronc ; bien souvent, la taille ne fait qu’aggraver la situation.
Beaucoup d’espèces subissent l’invasion d’aphidiens. Ces pucerons recouvrent les feuilles de miellat durant l’été ; cette substance finit par noircir les feuilles, et tombe en gouttelettes gluantes sur tout ce qui se trouve sous l’arbre. Les divers traitements ne sont guère concluants. Seul T. x euchlora, le tilleul dasystyle, se révèle vraiment résistant. Il présente néanmoins un autre inconvénient : ses fleurs épanouies contiennent une substance narcotique qui décime les abeilles venues les butiner : il n’est pas rare de trouver sous ces arbres des centaines de ces hyménoptères bourdonnant encore faiblement.

Multiplication :

Les tilleuls se propagent par semis de graines stratifiées, par marcottage pour les espèces drageonnantes, ou par greffage.